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L'inclusion des élèves à besoin éducatif particulier au lycée
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19 mai 2016

La scolarisation des enfants ayant un trouble du spectre autistique

Les enfants présentant des troubles du spectre autistique sont, au même titre que tout élève, inscrits de droit à l’école la plus proche de leur domicile. Celle-ci constitue leur établissement scolaire de référence où leur scolarité devrait pouvoir se dérouler. Parmi les troubles autistiques, les jeunes ayant un syndrome d'Asperger ou un autisme de haut niveau ont les capacités intellectuelles d'aller au lycée.

Pourtant, malgré les droits et capacités intellectuelles de bien des autistes... seuls 20% environ sont scolarisés en France !

 

Les enfants ayant un syndrome d’Asperger parlent souvent bien, mais ont une difficulté à traduire le langage social, à communiquer et interagir avec les autres. Ils ont du mal à comprendre et à prévoir les comportements et les intentions des autres du fait de leur incapacité plus ou moins grande à saisir l’implicite et l’abstrait « social ». Il est essentiel que ces enfants vivent avec les autres, à l’école ordinaire, afin d’apprendre le langage social, de la même façon qu’on peut apprendre une langue étrangère ou qu’une personne sourde adopte la langue des signes.

Les enfants ayant un trouble autistique vont avoir besoin de plus ou moins d’aide pour ne pas rester isolé mais faire partie du groupe classe. Ainsi, un enfant Asperger a une réelle volonté de faire partie de la classe et d’avoir des amis, mais il ne sait pas comment s’y prendre : il faut lui donner des outils pour y parvenir, cet apprentissage des comportements sociaux est capital pour son intégration et son développement. Il a besoin d’encadrement, de guidance, de cohérence, de rigueur et de structure. Il n’a pas de réel sens critique et peut donc subir de mauvaises influences ou devenir un bouc émissaire. Comment faire ? Tout d’abord informer, dès la rentrée des classes, les élèves, les enseignants, les surveillants sur le handicap et le fonctionnement de ces enfants, le point clé étant de leur faire comprendre qu’ils ne perçoivent pas l’implicite et l’abstrait, qu’ils ont du mal à comprendre et suivre les règles du jeux etc. Valoriser aussi les points forts (mémoire, connaissances dans tel ou tel domaine qui passionne l’enfant en question…) : mieux connaître l’enfant « différent » permet de mieux l’accepter. Et cet enfant « autiste » sera aidé s’il a des modèles de comportements et d’attitude, s’il sait que quand il fait tel signe de la main un adulte sera là pour lui pendant la récréation qui peut être difficile à supporter pour un enfant hypersensible au bruit, qui ne sait que faire face à un autre enfant… Et quand le comportement de l’enfant est inadapté, prendre le temps de lui expliquer pourquoi c’est inadapté et comment il doit faire…

 

En classe, l’enseignant va aussi avoir besoin de « décoder » les réactions de son élève.

Il devient hyper anxieux voire colériques ? Cela peut provenir du fait que l’élève n’a pas compris une consigne / n’accepte pas de faire des erreurs / n’accepte pas que son travail ne soit pas « parfait » ; cela peut aussi provenir d’un changement imprévu, d’une situation nouvelle ; il peut aussi s’agir d’une réaction à un bruit, une lumière… Enfin, ça peut être en réaction à la moquerie d’un camarade. Pour l’aider, l’enseignant doit rester calme et rassurant, et tenter d’identifier la cause du malaise… pour reformuler la consigne, isoler l’enfant pour qu’il soit au calme, mettre fin aux moqueries…

D’un jour sur l’autre, voire d’un cours sur l’autre, il pourra être tantôt concentré et apprendra correctement, tantôt il semblera absent. Dans ses « mauvais jours », le mieux est de faire des révisions ou des activités connues et d’attendre patiemment que l’élève se « reprenne » !

Enfin, autre adaptation « générale », l’enseignant devra tenir compte des difficultés spécifiques de son élève : lenteur, ruptures de concentration, difficultés sur le plan du graphisme. Des difficultés d'organisation dans l’espace et le temps, et de coordination peuvent aggraver la lenteur. Cet élève aura besoin de plus de temps que ses pairs pour réaliser un travail ou un contrôle car il passe plus de temps pour comprendre les consignes, pour s’organiser, planifier son travail, résoudre les problèmes et exprimer ses idées. L’enfant aura besoin que l’enseignant utilise des supports visuels, structure l’espace, le temps et les activités… 

 

Parmi les adaptations pédagogiques, l’adaptation du langage est bien sûr essentielle. Il est généralement nécessaire d’étayer les mots sur des images, ces jeunes étant plus à l’aise avec les images qu’avec les mots, comme si le langage « visuel » était leur première langue et le langage « mots » leur deuxième langue. Il est également important d’utiliser un langage simple, concret et répétitif ; même les plus doués risquent de ne rien comprendre si on leur parle « au second degré » (éviter de dire un « bravo » ironique à l’élève qui n’a pas réussi ou qui vient de casser quelque chose…) ou en utilisant des expressions comme « donner sa langue au chat » ; il faut prévoir de donner des consignes simples, et une seule consigne à la fois. Bien avoir en tête que même le jeune asperger, qui semble précoce et « mûr » par sa manière de parler, peut avoir du mal à comprendre ce qu’on attend de lui lorsque les consignes ne sont pas explicites ou pas assez concrètes, car il en a souvent une lecture au 1er degré.

Exemples :

  • dire à l’enfant ce qu’il doit faire précisément, plutôt que ce qu’il ne doit pas faire : « Marche lentement » plutôt que « Ne cours pas »
  • féliciter l’enfant précisément sur ce qu’il a réussi : « Bravo, tu as bien tracé le cercle. »
  • expliciter ses propres états émotionnels ou mentaux à l’enfant, en évitant de s’énerver et de crier : « Regarde-moi, je suis fâché, frapper est interdit ! »

Si l’élève avec autisme a en général le souci du détail, l’élève asperger possède souvent un vocabulaire précis. Il pourra donc facilement apprendre à rédiger une description, à condition d’avoir appris à l’organiser. Par contre, inventer une histoire… L’autiste manque souvent d’imagination, il ne peut « inventer » l’aventure qui pourrait arriver à tel ou tel personnage. Il a besoin de supports concrets et visuels, qui constituent les ingrédients nécessaires à l’écriture du texte. Résumer est tout aussi compliqué, puisqu’il faut discerner l’essentiel et l’accessoire.

 

Les apprentissages logico-mathématiques peuvent être facile pour certains autistes, et de plus vont leur apporter des outils de structuration et de lisibilité de l’environnement, les aider à structurer leur monde fragmenté. Mais pour certains enfants, cet apprentissage « abstrait » sera très complexe, un suivi orthophonique pour dyscalculie pourra être indispensable.

Certains enfants peuvent manifester dès la maternelle une attirance particulière pour le domaine numérique, maîtrisant rapidement la comptine numérique et la lecture des écritures chiffrées. Ils manifestent souvent leur plaisir à manipuler les chiffres par une agitation marquée (de petits cris par exemple), ou la répétition spontanée et parfois hors de propos de la comptine numérique. D’autres s’intéressent au calendrier, élément de structuration du temps renvoyant à des compétences algorithmiques et numériques.

Les uns et les autres acquièrent assez facilement la maîtrise du dénombrement comme algorithme à suivre (suite de gestes à exécuter, de mots à prononcer), trouvant plaisir à compter les objets et à répondre à la question « combien ? » (« il y en a combien ? ») de façon répétitive. On s’appuie sur cette compétence pour les habituer à jouer avec les nombres.

L’observation des phénomènes, et les effets de mémorisation produits par la répétition du comptage, conduisent, parfois, à des performances remarquables, en calcul notamment. Mais si certains enfants mémorisent résultats numériques et algorithmes, d’autres ne vont intégrer spontanément que les « faits numériques ». D’autres encore ne manifestent rien sur le moment, mais montrent, quelques mois ou années après, qu’ils ont intégré (à leur insu ?) les connaissances formelles importantes qu’ils ne savaient pas restituer.

Certains jeunes autistes réalisent enfin dès la maternelle des performances géométriques étonnantes, en particulier dans la reconstruction de puzzles : leur perception fine des détails constitue un atout important dans l’analyse des figures complexes. Dans la plupart des cas, les résultats corrects que produisent les jeunes autistes sont livrés de manière « fulgurante », comme une évidence : il est d’abord très difficile de comprendre comment ils y sont parvenus. Mais il peut leur être très difficile d’accepter l’imprécision. Il est souvent très important pour eux de donner un nom aux approximations (« arrondi », « ordre de grandeur à tant près ») et de refuser de se contenter du terme « à peu près ». Les figures géométriques qu’ils réalisent peuvent ne pas leur convenir en raison des « imperfections » qu’ils y voient, et ils sont quelquefois étonnamment critiques par rapport aux productions de leurs camarades.

Pour résoudre un problème, il faut à la fois comprendre l’énoncé, et utiliser les procédures mathématiques appropriées. Et cela, ça peut être vraiment difficile ! Pour commencer, l’énoncé peut donner trop d’informations et l’autiste risque de ne tenir compte que d’une partie des consignes. Puis comprendre que les nombres avec lesquels ils jouent permettent de désigner, de mémoriser, de communiquer, de gérer des quantités ou des positions, peut être très difficile.

exemple : dans un contrôle de fin de CM2 sur les additions et les soustractions des nombres décimaux. Après avoir dû faire de nombreux exercices de calculs, les élèves doivent résoudre un problème : "A la boulangerie, Félix achète deux pains au chocolat à 0,95 €, une tartelette à 1,75 €, une baguette à 1,15 € et un assortiment de bonbons pour 1,50 €. Il paye avec un billet de 10 €. Combien doit-on lui rendre ?"

Une élève, avec trouble autistique (syndrome d'Asperger), qui de plus est suivie depuis la fin du CP pour dyscalculie logique, pose l'addition : 0,95 + 1,75 + 1,15 + 1,50 et trouve 6,35. Elle écrit ensuite "La boulangère doit lui rendre 6,35 €". Montrant à la fois qu'elle n'a pas su faire l'addition (elle aurait dû trouver 5,35), et qu'elle n'a pas su traduire le problème, "concrèt", en opérations mathématiques, "abstraites", + tenir compte de toutes les informations. Elle aurait dû traduire "deux pains au chocolat à 0,95 €" par une multiplication, puis "deux pains au chocolat à 0,95 €, une tartelette à 1,75 €, une baguette à 1,15 € et un assortiment de bonbons pour 1,50 €" par une addition et enfin "Il paye avec un billet de 10 €. Combien doit-on lui rendre ?" par une soustraction...

Ce qui peut aider l’enfant dans ses apprentissages mathématiques, c’est de lui en donner une image visuelle, droite numérique pour l’addition, la soustraction et les décimaux ; dessins en couleur pour la notion de groupement… Penser aussi que les situations « concrètes » peuvent ne pas être comprises, par exemple amener la divisions en demandant combien de sachets de bonbons à 3 € on peut acheter avec 15 € peut être totalement incompréhensible pour un autiste…

Côté géométrie, la maladresse motrice peut constituer un handicap pour les pliages, découpages, utilisation de gabarits, dessins géométriques…

 

Motricité / Sport : L’enfant présentant des troubles du spectre autistique peut présenter des difficultés motrices, des inquiétudes face à certaines activités, ou être au contraire trop téméraire… Les sports collectifs peuvent être compliqués pour l’enfant, il lui faudra comprendre et accepter les « règles du jeu », jouer avec les autres, réagir rapidement dans des situations variables… il peut y avoir trop d’informations à traiter, trop de décisions à prendre, il faudra sans doute adapter en diminuant le nombre de joueurs, en fixant le rôle de chacun, en définissant de façon précise un petit nombre d’actions.

En athlétisme, il faudra garder en tête que pour cet enfant, courir plus vite, sauter plus haut ou lancer plus loin peuvent n’avoir aucun intérêt « en soi », il sera nécessaire de bien encourager cet enfant pour qu’il cherche à améliorer sa performance.

Qu’il soit question de limites matérielles (lignes, panneaux, plots, frontières…) ou de limites symboliques (droits, devoirs, interdits, règles…), a besoin de trouver des limites claires et bien définies, lui permettant de se situer dans un environnement construit. Avec des repères stables de lieu et de temps. Penser aussi à expliquer non seulement avec des mots, mais aussi en manipulant des poupées (qui font les roulades souhaitées par exemple), des images, photos, dessins…

 

 

L’emploi des ordinateurs

Pour les élèves avec autisme, l’ordinateur présente un certain nombre d’atouts :

  • il est neutre – son comportement suit des règles précises et stables, prévisibles.
  • l’ordinateur, par son écran et son imprimante, produit principalement des informations visuelles.
  • Les documents imprimés sont propres, soignés, satisfaisants pour les enfants perfectionnistes et soucieux du détail.
  • Les informations délivrées par l’ordinateur et échangées avec lui se situent dans un espace délimité, celui de l’écran, focalisant l’attention de l’élève, l’aidant à mettre à l’arrière-plan les distracteurs visuels et sonores.
  • L’ordinateur peut répéter inlassablement des informations structurées, en s’adaptant au rythme de son utilisateur, à sa lenteur et à ses hésitations éventuelles.

L’enfant autiste, qui peut se passionner pour l’ordinateur dès son plus jeune âge, a tendance à d’abord l’associer aux activités de jeu, il peut donc y avoir une première phase d’opposition à l’utilisation « scolaire ». L’enseignant a donc à effectuer un travail de recentrage et d’accompagnement, afin de faire accepter et apprécier les usages plus contraints de l’ordinateur à l’école. 

pour en savoir plus : 

http://media.education.gouv.fr/file/ASH/57/5/guide_eleves_autistes_130575.pdf

http://handiressources.free.fr/Guides/guidepedagogiqueAsperger.pdf

L’image comme médiation pour favoriser la compréhension des textes littéraires d'un élève TED : http://dcalin.fr/publications/parent.pdf

 

Canal Autisme

Canal Autisme est une plateforme collaborative centralisant des ressources expertisées et pertinentes, et dont la vocation est d'informer et de former tous ceux qui accompagnent des personnes, des...

http://canalautisme.weebly.com

La scolarisation des élèves avec autisme

La scolarisation de l'élève autiste s'inscrit dans le cadre de la loi du 11 février 2005 et plus récemment de la loi de refondation de l'école qui garantissent l'inclusion scolaire et la continuité d'un parcours adapté aux compétences et aux besoins de chaque élève. Elle doit se faire dans un cadre éducatif approprié.

http://www.onisep.fr

Présentation Autisme | INS HEA

Cette page est actuellement en construction et sera disponible en ligne prochainement. Les ressources répertoriées ici concernent la scolarisation des élèves avec autisme.Elles sont principalement destinées aux enseignants, et plus généralement aux accompagnants. Elles sont de natures diverses : réflexions et expériences pédagogiques, recherches, témoignages, ...Des informations concernant les formations de l'INS HEA, au sujet de la scolarisation des élèves avec autisme, sont également présentes.

http://www.inshea.fr

 

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Commentaires
P
Merci. Je viens de compléter avec un exemple concret illustrant la difficulté de compréhension des problèmes mathématiques, n'hésitez pas à me donner d'autres exemples concrets, dans différentes disciplines et différents niveaux de classe, pour enrichir cette page et la rendre plus concrète.
Y
Bravo pour votre page très riche complète ( même si on ne peux faire le tour de la question en une seule page internet ) . Beaucoup de liens qui semblent utiles ( je n'ai pas encore eu le temps de les suivre tous) . <br /> <br /> Vos conseils sont simples et semblent applicables. Professeur d'art en banlieue difficile ( REP) je trouve que tous les élèves peuvent en bénéficier. Cela me donne envie de lire votre page en cours et de demander aux élèves si ils ont autour d'eux rencontré des camarades souffrant de ces troubles et non diagnostiqué. Ils sont aux premiéres loges. <br /> <br /> Cordialement
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